Depuis 2019, Moulinot s’est lié à des partenaires dont un agriculteur méthaniseur basé à Réau (77). Découvrez l’interview d’Alexis !
« La méthanisation, c’est l’aboutissement de ma réflexion sur la reprise en main de la fertilité de mes sols […]. »
Agriculteur, comme héritage familial
Né dans une famille d’agriculteurs, Alexis est passionné par l’agriculture depuis son plus jeune âge. Il en a ainsi fait son métier depuis 1996, en reprenant l’exploitation familiale, La Ferme de Passy en Seine-et-Marne. Hyperactif et toujours désireux d’améliorer ses pratiques, Alexis a plusieurs casquettes en plus de son activité d’exploitant agricole. Il a en effet créé avec d’autres agriculteurs partenaires l’unité de méthanisation agricole Brie Biogaz.
Par ailleurs, il préside le GRECTA Île-de-France, un CETA (Centre d’Etude et Technique Agricole), qui regroupe plus de cent exploitations agricoles de la couronne parisienne. Il est enfin président d’une CUMA (Coopérative d’utilisation de Matériel Agricole).
Moulinot : Comment êtes-vous devenu agriculteur ?
Alexis Lepeu : Je suis agriculteur depuis 1996. Mon père était agriculteur. Après des études générales, un brevet de technicien et une école d’ingénieur, je me suis installé en reprenant l’exploitation agricole de mes parents. J’ai toujours été passionné par ça, Je me rappelle, jeune enfant, prendre mes bottes pour aller rejoindre mon père dans les champs. Ma mère arrivait dans la chambre et j’avais disparu (rires). C’est donc celle-là la vraie histoire. L’agriculture, c’est ma passion.
Moulinot : Quel mode d’agriculture pratiquez-vous ?
AL : J’ai un mode d’agriculture très diversifié. Je produis des grandes cultures : du blé, de l’orge, des betteraves, ainsi que du lin pour faire des tissus. On a aussi une petite activité d’élevage, un petit troupeau de moutons pour produire des agneaux en vente directe aux particuliers. Je pratique ce qu’on appelle l’agriculture de conservation. Dès que je me suis installé, j’ai en effet compris qu’on risquait d’aller dans le mur en continuant à travailler de manière classique. À l’époque on faisait ce que j’aime qualifier d’agriculture minière. On considérait que pour donner de la fertilité au sol, il suffisait d’apporter de l’engrais, qu’on allait extraire dans des carrières ou dans l’atmosphère. Mais je me suis vite rendu compte que c’était un leurre. Ces méthodes entraînent une perte de fertilité, de l’érosion et la pollution des nappes phréatiques. La fertilité d’un sol, il faut l’acquérir et l’entretenir en lui donnant de la vie. Pour cela, il n’y a pas d’autre méthode que de couvrir en permanence les sols avec des cultures vivantes. Et c’est ce que je fais. C’est cela qu’on appelle l’agriculture de conservation des sols. En parallèle de mon activité de production, comme je suis passionné de technique agricole, je suis président d’un Centre d’Étude et Technique Agricole (CETA) qui assure le conseil aux agriculteurs adhérents. Il s’agit du GRCETA Ile de France qui a été fondé en 1944 et regroupe 140 exploitations agricoles de toute la couronne parisienne, ce qui représente près de 35 milles hectares. On entend souvent dire dans l’agriculture que les agriculteurs dépendent beaucoup de leurs techniciens et conseillers. Au sein de notre CETA c’est différent car nous sommes nous-mêmes les techniciens et conseillers. Nous sommes indépendants. Enfin, comme je suis président d’une CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole), je pratique beaucoup l’agriculture de groupe, en menant de nombreux chantiers en commun avec d’autres agriculteurs associés.
Un agriculteur devenu méthaniseur
Moulinot : Pourquoi vous être lancés dans la méthanisation agricole ?
AL : Dans le cadre de ma pratique agricole, je m’intéressais déjà aux problématiques environnementales et climatiques. La méthanisation, c’est l’aboutissement de ma réflexion sur la reprise en main de la fertilité de mes sols, celle qui m’a mené vers l’agriculture de conservation des sols. Après avoir découvert que je pouvais maintenir la fertilité de mes sols en faisant pousser, entre les cultures alimentaires, des cultures de couverture pour ne jamais laisser mes sols nus, j’ai également découvert qu’on pouvait utiliser ces cultures de couverture pour faire de l’énergie et retourner aux sols la matière organique résiduelle, qu’on appelle le digestat, pour les nourrir. C’est un système vertueux. À ce moment-là, je me suis dit “ il faut y aller !” Quand en 2012, on a trouvé avec d’autres agriculteurs un modèle économique viable, on s’est lancé et c’est là que l’histoire a vraiment commencé, l’histoire de l’introduction de la méthanisation sur nos fermes. Quand on est agriculteur-méthaniseur, on se retrouve avec plein de missions : il faut à la fois nourrir les hommes, nourrir les sols, et produire du gaz vert.
Méthanisation agricole et restes alimentaires
Moulinot : Pourquoi souhaitez-vous valoriser, en plus de déchets agricoles, des biodéchets ?
AL : Il faut savoir aller encore plus loin dans la démarche d’économie circulaire, en valorisant, en plus de nos matières agricoles, les biodéchets qui viennent finalement eux aussi de nos fermes et de nos sols. Jusqu’à présent, c’était un énorme gâchis, car ces matières organiques allaient en décharge, ou à l’incinération, ce qui était encore plus aberrant. L’idée est de les recycler en produisant de l’énergie et des fertilisants permettant de refaire pousser des denrées alimentaires, qui une fois consommées, reviendront sous forme de déchets. Ainsi, la boucle est bouclée. Grâce au partenariat développé entre Moulinot et notre groupe d’agriculteurs, on offre une solution de valorisation au monde urbain, qui produit de quantités importantes de biodéchets, on les fait revenir au sol de façon extrêmement vertueuse et propre.
Moulinot : Pourquoi opter pour un partenariat avec Moulinot ?
AL : La rencontre s’est faite au hasard, et le hasard a su bien faire les choses. Quand on a rencontré Moulinot, on s’est dit : “là, on a une équipe !” On a rencontré des personnes qui ont une âme, qui réfléchissent autrement que les grands du monde des déchets, qui n’ont pas du tout la même approche, et ça, ça nous a plu. On a tout de suite “matché”. On a une belle équipe d’agriculteurs sympas qui pensent autrement que d’argent et rentabilité, qui ont une vision, et c’est ça qu’on cherchait chez de potentiels partenaires, et que nous cultivons aujourd’hui avec Moulinot. Avec Moulinot, on a su recréer un lien de confiance entre le monde agricole et celui urbain. Cette confiance se retrouve dans la vision pour laquelle agit Stéphan, le Président de Moulinot : l’économie sociale et solidaire, l’insertion professionnelle. Ce sont des choses qui nous parlent. Redonner du sens à des métiers qui n’étaient pas forcément valorisés et valorisants. Moi, j’ai accueilli sur mon site de méthanisation 7 promotions de stagiaires de la formation de chauffeurs-collecteurs créée par Moulinot. Faire comprendre à des gens qu’ils ne sont pas que des chauffeurs de bennes à ordures, mais qu’ils transportent des matières qui vont reprendre vie et produire des fertilisants et de l’énergie, ça change la donne pour eux.
Moulinot : Pourquoi la qualité du tri des biodéchets apportés par Moulinot est-elle importante ?
AL : L’objectif est que ce tri soit parfait, car on veut tendre vers le zéro indésirable quand on retourne le digestat à la terre et lorsqu’on veut produire de l’énergie verte. C’est la différence qu’offre le partenariat Moulinot/Agriculteurs. La comparaison est indéniable entre Moulinot et les grands du déchet, qui eux ne se préoccupent pas de la qualité du tri en amont.
👉 Découvrez d’autres partenaires méthaniseurs agricoles : Carine et Lionel, ou encore Jean-François.
👉 Envie d’en savoir plus sur la méthanisation agricole ? Lisez notre article sur l’importance des restes alimentaires en méthanisation.